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Des paquebots de croisière financés au nom de la transition écologique
Juliette Cabaço Roger - 21 février 2024
Le premier paquebot de croisière propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL) a été mis à l’eau dans le port de Saint-Nazaire (44) fin 2022. Les Chantiers de l’Atlantique en livreront trois autres d’ici 2027. Un projet en partie financé par l’Ademe au nom de la « transition énergétique dans l’économie ».
C’est le premier d’une longue série. Le 24 octobre 2022, les Chantiers de l’Atlantique ont livré le premier paquebot construit en France et propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL). Commandé par l’entreprise suisse MSC, ce mastodonte de 333 m de long et 68 m de haut peut accueillir jusqu’à 6.700 passagers. Il a quitté le port de Saint-Nazaire (44) deux jours après sa mise à l’eau en direction du Qatar pour servir d’hôtel flottant à l’occasion de la Coupe du monde de football. Trois autres navires viendront compléter la flotte d’ici 2027, élevant le montant de la commande à 4 milliards d’euros.
Au fil des années, les mouvements d’opposition aux paquebots de croisière ne cessent de se multiplier. Habitants et écologistes pointent leur impact néfaste sur les territoires où ils accostent ainsi que sur l’environnement. La filière tente donc de passer au vert et cherche des alternatives au fuel pour faire tourner les machines.
De l’argent public pour les croisières
La série de paquebots MSC est estampillée « financé par l’Ademe », l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Cette agence publique est subventionnée par l’État, notamment via la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). C’est tout naturellement qu’elle a accordé 58 millions d’euros aux Chantiers de l’Atlantique via le programme d’investissement d’avenir (PIA), un dispositif créé en 2010 pour soutenir « la transition énergétique dans l’économie ». « L’Ademe, à travers le PIA et en accord avec l’État, a pu accompagner les Chantiers de l’Atlantique sur neuf projets permettant de proposer à ses clients armateurs des innovations qui réduisent les impacts environnementaux de ses navires », justifie l’agence.
En effet, Laurent Castaing, directeur général des Chantiers, est fier de présenter une première alternative au fuel : le gaz naturel liquéfié (GNL). « Ce navire représente une nouvelle étape dans le cadre de la réduction de l’impact environnemental des paquebots. Il est le navire le moins émissif en CO2 par tonneau de jauge de toute la flotte mondiale de paquebots », peut-on lire dans La Tribune.
Le gaz naturel, pas si vert que ça
Mais le GNL est-il vraiment écologique ? Certes, il émet moins de dioxyde de carbone (CO2) lorsqu’on l’utilise comme combustible, mais il est loin d’être inoffensif. Le méthane, qui est le compose majoritairement, est un puissant gaz à effet de serre. Sur une période de 20 ans, son pouvoir de réchauffement est 80 fois supérieur à celui du CO2. L’ONG Transport & Environment avait justement repéré des fuites à bord du MSC World Europa. Une information reprise par Bloomberg qui analysait plus globalement les conséquences de l’utilisation du GNL par les croisiéristes.
« Ce gaz acheté notamment par le groupe français Engie est présent dans une roche sédimentaire — le schiste, dont l’extraction par fracturation hydraulique est interdite en France depuis 2011, en raison de ses conséquences désastreuses sur l’environnement et le climat. »
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Jusqu’en 2020, le GNL provenait majoritairement de Russie. Depuis, le GNL américain s’est imposé en Europe. En 2022, la France en était le premier importateur mondial, selon Greenpeace. Entre 2021 et 2023, 691 millions de mètres cubes de GNL ont été livrés au terminal méthanier de Montoir-de-Bretagne (44), à seulement 6 km des Chantiers de l’Atlantique.
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